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Bouddha, mode d'emploi

Depuis plusieurs dizaines d'années, j'aime m'immerger dans les cultures bouddhistes, en particulier en Thaïlande, où le mode de vie est respectueux et ouvert. En tant qu'occidentale, je n'ai que de bonnes expériences de mélange avec cette population, et d'accueil chaleureux de la part des habitants, et des moines quand j'ai voulu partager des cérémonies dans les temples, ou juste aller me recueillir et méditer dans des lieux spirituels.

Mon approche du Bouddhisme a été très longtemps instinctive, pas du tout intellectuelle, je n'ai pas lu les textes, je ne me suis jamais vraiment référée aux enseignements, mais je le vivais dans cette relation directe avec les gens, les rituels, les offrandes, la beauté qui touche l'ensemble du Bouddhisme, à commencer par ces magnifiques statues, les bougies que l'on fait brûler, la fumée de l'encens aux abords des sanctuaires, les fleurs... Cela me parle, directement à mon coeur, à mon âme je dirais même.

Au fur et à mesure que j'ai avancé sur le chemin du Yoga et de la méditation, j'ai continué d'expérimenter le Bouddhisme, dans mes voyages également. Les yamas et niyamas, règles de vie du Yoga sont très proches des valeurs bouddhistes. Bouddha était LE yogi par excellence: sa vie d'ascète, sa quête intérieure, sa détermination dans la méditation l'ont mené à l'éveil, le Samadhi du Yoga. C'est un être respectueux de tous les autres, sa doctrine est une philosophie, un art de vivre, une science même, plutôt qu'une religion. Il se met à égalité avec les autres hommes, nous rappelant qu'en chacun de nous sommeille un bouddha, un être divin.

C'est avec la méditation Vipassana que j'ai commencé à lire les enseignements bouddhistes : le Dhamma.

Les expériences de retraites silencieuses m'ont certainement permis d'avancer sur la connaissance de mon esprit, sur sa faculté à me mener en bateau, et la rigueur de Vipassana m'a fait transcender pas mal de réactions conditionnées, de fardeaux qui m'empêchaient de me connecter à mon être réel. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je pense pouvoir dire que je me sens plus consciente, et plus libre que quelques années auparavant.

C'est l'expérience, le fait de vivre finalement les principes bouddhistes dans la méditation et l'approche yoguique qui m'aide à les comprendre et à les intégrer. La seule lecture ne suffira jamais, il faut l'éprouver dans son corps, dans son coeur, dans son mental, dans son esprit pour entre-apercevoir la lumière qu'il y a juste derrière. Cela nous demande une grande attention, de la discipline, mais on sera toujours récompensé à la hauteur de nos efforts dans cette voie.

J'aime particulièrement l'approche de Ajahn Chah, moine bouddhiste Thaïlandais, maître de la tradition de la Forêt. Il est mort en 1993, mais dans son monastère de Wat Pah Pong, on peut toujours aller suivre au plus près les enseignements de Bouddha et le mode de vie qu'il menait avec ses disciples dans la forêt.

Au sujet de la méditation, il disait ceci : " La méditation est un outil, une occasion de s'assoir pour s'étudier de près, apaiser l'esprit, ouvrir le coeur. C'est un moyen de lâcher prise, de mettre un terme aux conflits, d'être en paix. " Il invite ses disciples à regarder en eux, et non à l'extérieur, pour découvrir la paix intérieure. Avec assez de calme intérieur, on pourra découvrir "ce qui est", prendre conscience de la nature impermanente de la vie, étudier la souffrance, Dukkha, sa cause et sa cessation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici les sujets qui reviennent le plus souvent dans les enseignements.

EFFORT D'ATTENTION ET DE CONCENTRATION SOUTENU

Cela sera votre plus gros acquis, rien ne peut résister à la force de l'attention, qui ne laisse plus de place à l'égo. Mais cela sera un travail difficile, douloureux, et parfois frustrant, car toutes sortes d'habitudes, de peurs et d'espoirs accumulés referont surface, dans l'espace de non-distraction qu'est la méditation. Il n'y a nulle part où se cacher, aucun échappatoire, c'est comme avancer dans la tourmente. On cherche à libérer l'esprit de toutes ses dépendances.

LE CONFORT REND PARESSEUX

" Il faut que vous viviez dans un endroit qui ne dispose pas de tous les conforts, pour faire apparaître en vous le vrai confort", disait A. Chah. Dans ce sens, c'est une entrave de vivre dans l'opulence, nous avons oublié des choses essentielles. La facilité ne nous met pas à l'épreuve, et c'est ce qui nous fait grandir, entre autre, de s'éprouver dans des conditions plus sommaires. Lors des retraites de méditation, les conditions de vie sont volontairement plus dures, le silence, peu de nourriture, on jeûne en général pendant au moins 12 heures, cela clarifie l'esprit, la promiscuité des dortoirs, aucune distraction... bref, rien d'autre à faire qu'être avec nous -mêmes, cet être que l'on connaît finalement si peu!

LA PRATIQUE DE VIPASSANA

La technique de méditation en elle-même, qui consiste dans une première phase à observer le souffle, ANAPANA. Prendre conscience de l'air qui entre et sort naturellement, mettre de côté le monde extérieur. Avec des efforts soutenus de pratique, la respiration devient subtile, légère, l'esprit s'affine. "Le souffle, c'est la nourriture suprême"...

VIPASSANA est la vision juste, voir l'impermanence de tous les phénomènes, ANICCA, dans notre corps et au-delà. Ne pas y réagir en excès, éviter l'aversion et l'attachement, trouver la voie du milieu. Se purifier de toutes les pollutions mentales et se libérer de la souffrance.

Pratiquer METTA, la compassion, une fois que l'on a installé du calme, de la paix intérieure, on peut se relier aux autres, au monde, et envoyer des pensées, des vibrations de gratitude, d'amour inconditionnel.

LE 3 PILIERS

Les 3 piliers de la pratique bouddhiste sont SILA, le "code moral", l'honnêteté, la droiture dans les paroles, les pensées et les actes ; SAMADHI, ou la conscience méditative, quand votre pratique assidue de la méditation vous place dans ce niveau élevé de conscience ; PANNA, la sagesse, qui découle des 2 premiers piliers.

LE NON-ATTACHEMENT

" En réalité, vous ne possédez rien. Votre corps et vos pensées eux-mêmes ne vous appartiennent pas, ils échappent à votre contrôle. Il faut vous en occuper avec compassion, sans oublier que tout est soumis aux lois du changement, et non à vos préférences. Une fois cela compris, vous pourrez être en paix. Il n'y aura plus de MOI, A MOI ". C'est la pratique de la méditation qui va nous emmener sur ce chemin. Dans l'assise, nous entrainerons l'esprit à voir que tout apparait, puis tout disparait. Nous pourrons lâcher prise, arrêter de nous battre contre la Nature, car c'est la loi de la Nature, tout naît, change et finit par mourir. Si on ne l'accepte pas, il y a saisie, peur, résistance, et donc souffrance.

LA MORT, LE TEMPS

Le fait même de réaliser l'impermanence nous fait voir notre finitude, et cela peut être angoissant, vertigineux. Nous finirons par mourir, alors pour ne pas être trop surpris quand cela arrivera, le bouddhisme nous dit "mourrez avant de mourir". Débarrassez-vous de tout ce qui vous encombre.

C'est pour cette raison qu'il y a urgence, il faut pratiquer dès MAINTENANT, la vie est courte!

LE KARMA

Les pensées, les intentions, les paroles, les actes, contribuent à créer du karma, bon ou mauvais pour la suite de notre vie, ici ou ailleurs. On cherche les "mérites" pour se préparer une future belle incarnation, ou au moins, une belle mort. Les offrandes, les rituels permettent aussi d'accumuler ces mérites. Mais attention, les yogis parlent parlent du karma yoga : c'est l'action désintéressée. Il ne s'agit pas non plus de toujours agir en prévoyant les fruits ou retombées de nos actions. Juste penser au lien de cause à effet.

PATIENCE ET PERSEVERANCE

On dit que la Patience est le mère du Dhamma, la mère de tous les enseignements bouddhistes. Tout comme un fruit, on attendra le bon moment pour agir ou récolter ce que l'on a semé et qui prend du temps à mûrir. Ainsi, si on veut faire un bilan sur soi-même, on ne regardera pas il y a quelques mois, ni même une année ou deux. Cinq ans seront nécessaires pour prendre conscience du temps qu'il faut pour que les changements s'opèrent et s'intègrent dans notre personne, dans notre vie.

VAINCRE SA FIERTE

C'est un peu "tendre l'autre joue", concept difficilement compréhensible pour nos cerveaux. Apprendre à accepter les remontrances. Ne pas se sentir supérieurs. Ne pas rester ancrés dans nos habitudes, dans nos opinions. Apprendre à vaincre sa fierté fera apparaître la sagesse.

L'EXPERIENCE PERSONNELLE

Il faudra réaliser l'expérience par soi-même. Un maître, un guru, ne pourra pas le faire à votre place. Il pourra juste vous guider. Les mots, les paroles, les questions, n'apporteront pas la vérité. la vérité doit se vivre. Il faudra regarder en soi, ne pas se laisser influencer, ni par les critiques, ni par les louanges. Avoir confiance, ne pas douter de son chemin, de son engagement.

LAISSER LES SINGES ETRE DES SINGES

Arrêter de vouloir que les choses, ou les gens soient autrement que ce qu'ils sont. Si on veut que les singes soient calmes, on va être affectés, car ils ne le seront pas, par nature. Avoir le courage de changer ce qui peut l'être, et accepter le reste.

... et devenir peut-être un SAMANA, un être paisible ;-)

Lire la série d'articles "Siddhartha" sur mon blog pour en savoir plus sur le Bouddhisme

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